Ce site vous présente des peintres célèbres, des impressionnistes aux contemporains. Leur biographie résumée, et une sélection de leur tableaux.
1921-2013, franco-chinois
Abstrait lyrique
Quand la peinture chinoise rencontre la peinture occidentale… Zao Wou-Ki parvient à faire oublier sa grande maîtrise technique, au profit d’une poésie abstraite.
Zao Wou-Ki nait à Pékin, à une époque troublée par les guerres. Il passe son enfance au sein d’une famille aisée et cultivée. Son père et son grand-père, comme le veut la tradition chinoise, sont d’excellents calligraphes.
Adolescent, Zao Wou-Ki entre aux beaux arts. L’enseignement y est assez austère : dessin d’après des statues grecques en plâtre, puis modèle vivant les années suivantes, et enfin peinture, seulement la dernière année. Il manifeste déjà un intérêt pour la peinture occidentale, dont il n’a accès qu’à la partie la plus académique.
Il devient ensuite professeur dans cette même école.
En 1948, il entreprend un long voyage, en bateau, vers Paris. Dès le premier jour de son arrivée, il se rue dans les musées, pour y voir enfin les tableaux de l’occident, en vrai !
Les années qui suivent son arrivée à Paris voient également la venue de nombreux personnages qui deviendront connus : Jean-Paul Riopelle, qui vient du Canada, Pierre Soulages, qui arrive de province, Nicolas de Stael… En 1951, il découvre Paul Klee, qui aura un rôle décisif dans sa peinture. L’œuvre de Cézanne aura également une grande influence sur son travail. Il affirmera que c’est ce dernier qui lui a permis de réaliser sa transition de l’orient vers l’occident.
21.04.59
Archives Zao Wou-Ki ©
Jusqu’en 1954, Wou-Ki peint de façon plutôt figurative, sous l’influence de Klee, des tableaux naïfs. Puis il s’engage dans la peinture abstraite, exclusivement. Ses premières œuvres sont inspirées des peintures préhistoriques, retrouvées gravées dans les os.
La peinture de l’artiste est caractérisée par l’absence de limites et d’applats. Elle est constituée presque exclusivement de franges de couleurs, irrégulières. Ce style donnera naissance au mouvement de l’abstraction lyrique.
En 1959, il fait transformer un entrepôt en atelier. La lumière ne vient que du dessus. Les murs sont rendus aveugles, pour que rien de l’extérieur ne puisse troubler le lieu de création. Zao Wou-Ki y peint des toiles de grand format. Il ne tolère les visites que lorsque l’œuvre est achevée.
« Aussi le public tentait de décrypter mes tableaux. Naturellement, il n’y a rien d’autre que la peinture, et le sentiment qui la traverse »
9.01.63
Archives Zao Wou-Ki ©
En 1964, dans une composition particulièrement nerveuse, il rend hommage au compositeur de musique Varèse. Les années qui suivent engendrent un grand nombre de peintures sombres et véhémentes, parallèlement à la maladie de May, sa femme. Cette période durera jusqu’en 1972, où elle disparait.
En mémoire de May, 1972
Archives Zao Wou-Ki ©
Les années 80 verront le retour du peintre en Chine, accompagné par de grandes expositions qui lui sont consacrées.
« Je ne sais jamais rien du tableau que je vais commencer »
Né en 1960, franco-chinois
Abstrait lyrique
Dans la lignée de Zao Woo-Ki, Wang Yan Cheng est un peintre contemporain franco-chinois. Ses abstractions lyriques mêlent brumes d’arrière-plan, textures subtiles, et empâtements flamboyants.
L’abstraction lyrique dans toute sa splendeur. Les toiles de Wang Yan Cheng sont une élaboration de couches, issues de brumes colorées, montant progressivement vers la pleine pâte, dans un flamboiement de couleurs. En se plongeant dans sa peinture, on peut y voir des surgissements de paysages montagneux, des reflets solaires dans de curieux marécages, ou bien d’autres choses selon chacun…
Les textures, diverses et maitrisées, sont une source continue de découvertes. Les noirs, très profonds, viennent sintiller en surface. D’anciens empâtements sont recouverts d’une blancheur reposante. Les pigments se dispersent dans des rivières de terébenthine.
Digne héritier de Zao Wou Ki, il est également issue des deux cultures, chinoise et française. Arrivé en France en 1989, il doit se débrouiller pour vivre, à l’aide de calligraphies et de portraits de commande.
" Ça permettait tout juste de vivre. Et de continuer de peindre, de tracer ma voie, d’approfondir mon style, de devenir enfin moi-même. "
Ses tableaux sont des huiles sur toile, souvent de grande taille. Il réalise même en 2007 pour l’Opéra de Pékin un tableau de 2,30×6,60 mètres.
1841-1919, français
Impressionniste
L’oeuvre gaie et chatoyante d’Auguste Renoir. L’évolution de sa peinture, de l’impressionnisme vers un style personnel et toujours raffiné.
Né d’un père tailleur et d’une mère couturière, Renoir connaît une enfance modeste. Ses dons pour le dessin sont reconnus rapidement à l’école. Mais dès 13 ans, il doit travailler comme apprenti dans un atelier de porcelaine, où il décore les céramiques. Il y peint des fleurs et des portraits de Marie Antoinette, et développe déjà l’amour du travail bien fait.
Le jeune Renoir se promène au Louvre et fait des copies sur des éventails. Il suit des cours du soir de dessin à l’atelier du peintre Gleyre. Celui-ci est un artiste modeste, désabusé, qui ne sera pas une grande inspiration pour Renoir. Son style est alors réaliste, très inspiré de Courbet.
Lise à l’ombrelle ©
A l’age de 21 ans, il réussit de justesse le concours denrée des Beaux Arts de Paris. Il y rencontre Sisley et Monet, avec qui il va souvent aller peindre en forêt de Fontainebleau. Sa première oeuvre est acceptée par le Salon, mais il connaîtra plus de difficultés les années suivantes.
Lise Tréhot, sa maîtresse, inspire un de ses premiers tableaux. Cela lui vaut les éloges d’un jeune critique d’art, nommé Emile Zola. Sa peinture est alors très influencée par Courbet. Le tableau “Lise à l’ombrelle” doit sans doute beaucoup aux “Demoiselles du village” de Courbet, et aux “Femmes au jardin” de Monet.
La loge ©
La Grenouillère ©
C’est à partir de 1869 que Renoir développe son style. Il peint à la Grenouillère, un établissement de loisir un peu “canaille”, sur l’Ile de Croissy sur Seine. Il s’y rend avec son ami Monet. Face à la lumière du plein air, il adopte pour partie le style de celui-ci, en fragmentant sa touche et colorant ses ombres, ce qui va l’inscrire dans l’impressionnisme.
L’ile de la Grenouillère dégage une ambiance de joie de vivre, fréquentée par des vacanciers insouciants, et de belles jeunes femmes qui acceptent facilement de poser pour le peintre.
Dans les années qui suivent, il peint plusieurs tableaux qui deviendront célèbres, comme “Le chemin montant dans les herbes”, ou son chef d’oeuvre “Le bal du moulin de la galette”. Celui-ci est peint à Montmartre, dans un lieu très gai qui plait à Renoir, et où les gens du peuple viennent danser.
Le chemin montant dans les herbes ©
Bal du moulin de la galette ©
Tonnelle au moulin de la galette ©
Cependant, malgré la constitution avec ses amis peintres d’un salon indépendant, Renoir connaît de nombreuses années de misère. Le groupe de peintres s’entraide, et l’un d’entre eux, Bazille, mieux loti financièrement, les aide fréquemment.
Certains critiques rejettent alors vivement l’impressionnisme. Renoir, parfois découragé, est soutenu par le caractère combatif de son ami Monet. L’artiste trouve la foi dans l’accomplissement de son oeuvre, et réalise en 1880 l’excellent “Déjeuner des canotiers”.
Il parvient également à pénétrer certains cercles de la bourgeoisie, où sa peinture raffinée de portraits et scènes de familles lui procurent des revenus confortables.
Le déjeuner des canotiers ©
Les grandes baigneuses ©
Vers 1880, souhaitant suivre une voie plus personnelle, il prône le retour au dessin et au travail en atelier. Il n’adopte pas toutes les théories des impressionnistes, et considère par exemple le noir comme une couleur à part entière. Pragmatique, l’artiste n’oublie pas que ses toiles sont faites pour être accrochées dans un salon, et s’harmoniser avec celles déjà installées. Cette période de recherche aboutit en 1890 à la reconnaissance du public et au succès commercial.
Ses voyages fréquents dans le Sud de la France l’insiprent, à la manière des peintres classiques. Il privilégie la mise en valeur des personnages, plutôt que celle des paysages.
Le tableau "Les Grandes Baigneuses ", qu’il considère comme un aboutissement, marque l’apothéose de sa carrière.
1840-1926, français
Impressionniste
Figure de proue de l’impressionnisme, le peintre Claude Monet, dont les tableau sont visibles lors d’une visite au Musée d’Orsay qui évoluera vers une peinture presque abstraite, et influencera de nombreux peintres contemporains.
Monet naît à Paris en 1880, de parents épiciers. Rapidement, la famille doit déménager vers le Havre. Là, y coule la Seine, que Monet peindra toute sa vie. Adolescent, il fait des dessins de caricatures, et devient connu de toute la ville.
Puis il fait la connaissance du peintre Eugène Boudin, dont il n’ apprécie pas la peinture tout de suite. Boudin, lui, trouve du talent à ce jeune artiste, et entreprend de lui apprendre la peinture de paysage en plein air. Cette technique est alors toute nouvelle, grâce à l’ apparition des peintures à l’ huile en tube. Le jeune Monet décide alors de devenir peintre, et part à Paris, quelques économies en poche, pour y apprendre son art.
Il prend des cours de peinture avec Charles Gleyre, mais l’ académisme de celui-ci pousse rapidement Monet à prendre ses distances.
La pointe de la Hève ©
Le déjeuner sur l’ herbe ©
De 1872 à 78, il s’ installeà Argenteuil. Là aussi, la Seine est présente. Il peint de nombreux tableaux, mettant en scène le fleuve. Pour être au plus prêt de son motif, il se fait aménager un bateau atelier, que représentera Edouard Manet.
Edouard MANET : Monet peignant sur son bateau-atelier ©
Femmes au jardin ©
La pie ©
Il peint régulièrement avec son collègue peintre Renoir, qui fragmente ses touches au contact de Monet.
En 78, il part habiter à Vétheuil, en pleine campagne.
La promenade ©
L’ été - Champ de coquelicots ©
A partir de 1881, le marchand d’ art Durand-Ruel, que le peintre connaît déjà depuis un moment, lui propose un contrat avec achat régulier de tableaux. Cela permet à l’ artiste une plus grande confiance, ainsi qu 'une peinture plus élaborée et audacieuse.
Le jardin de l’ artiste à Vétheuil ©
En 83, Monet s’ installe dans le village de Giverny. Lorsque les affaires du marchand d’ art Durand-Ruel se mettent à péricliter, le peintre se tourne vers d’ autres marchands. Ceux-ci viennent lui acheter directement ses toiles, ou les échanger contre les tableaux d’ autres peintres. C’ est ainsi qui Monet se constituera une remarquable collection de tableaux impressionnistes. Il avait par exemple une douzaine de Cézanne, lequel appréciait également beaucoup Monet, et lui rendait des visites.
Creuse, soleil couchant ©
La Seine à Port-Villez ©
Lors de séjours dans la Creuse, il se concentre essentiellement sur les jeux de lumière dans la vallée, produisant ainsi des tableaux de plus en plus abstraits.
Lors de séjours dans la Creuse, il se concentre essentiellement sur les jeux de lumière dans la vallée, produisant ainsi des tableaux de plus en plus abstraits.
La Seine lui permet également de peindre de belles brumes lumineuses et colorées, sans souci de détail ou de figuration.
A Giverny, le peintre dispose d’ un grand jardin, et y aménage des Nymphéas dans les bassins, et des ponts japonais enjambant le ruisseau. L’ enchevêtrement des formes des plantes, dont on ne sait plus si on voit la forme réelle ou le reflet, constitue les prémices de l’ abstraction.
Nympheas 1906 ©
Nympheas et pont japonais ©
1853-1890, néerlandais
Impressionniste, Postimpressionniste
L’incontournable Vincent Van Gogh. Sa vie tourmentée, ses tableaux majeurs.
Il est aussi l’un des principaux acteurs du postimpressionnisme.
Son ouvre passa à l’époque totalement inaperçue. Très engagé dans son art, essentiellement autodidacte, il peignait souvent jusqu’à l’épuisement.
Peintre de paysages et de portraits, Van Gogh fut influencé par les impressionnistes, et par le pointillisme des peintres tels que Seurat.
Seuls son frère Théo et le Docteur Gachet le soutinrent, et lui permirent ainsi d’accomplir son œuvre. Il est devenu aujourd’hui probablement le peintre le plus célèbre au monde.
Très tôt, il rejette les valeurs bourgeoises de son pays. Il entame pourtant une carrière de commerçant d’art, selon la logique familiale. Mais il se fait rapidement licencier. Il est ensuite instituteur, un temps. En 1879, il est prédicateur auprès des travailleurs dans les mines. Il vit dans des baraquements, dort à même la paille. Ébranlé par les conditions de travail des mineurs, son excès de zèle déplait à ses supérieurs, qui le licencient. Sa vie débute ainsi par une série d’échecs.
Ayant découvert le dessin lors de sa scolarité, il continue à le pratiquer, et s’intéresse de plus en plus à la peinture. Socialiste dans l’âme, les sujets qu’il choisi sont les ouvriers et les paysans, plus que le développement industriel ou la vie urbaine. Il ne commence à peindre ses premières peintures à l’huile qu’en 1882, dans un style relevant de l’école Hollandaise, assez terreux.
Les mangeurs de pommes de terre ©
En 1885, il réalise Les mangeurs de pommes de terre, un tableau très expressif sur la vie paysanne.
Il écrit :
" Les gens qui mangent des pommes de terre à la lueur de la lampe prennent les plats avec les mêmes mains dont ils se sont servis pour retourner la terre. La toile met en valeur leurs mains laborieuses, et le fait qu’ils ont mérité leur repas. Mais celui qui préfère voir les paysans sous un aspect plus douceâtre peut penser ce qu’il veut. "

Le Père Tanguy ©
En 1886, Van Gogh arrive à Paris, où l’ère impressionniste s’achève. Son frère Théo, qui tient une galerie d’art à Montmartre, lui fait rencontrer Toulouse Lautrec, Monet, Renoir, Pissaro, Sisley, Degas, Signac, Seurat…
Suite à ces rencontres, Van Gogh commence à éclaircir sa palette. Il peint alors avec Bernard, Gauguin et Toulouse Lautrec, dans un style très pointilliste. Cependant, il ne considère pas l’impressionnisme comme l’ultime étape dans l’histoire de la peinture.

La maison jaune ©
Sans doute influencé par Toulouse Lautrec, Van Gogh part pour le sud de la France. Il s’installe à Arles dans une maison qu’il repeint en jaune vif, et y prépare avec enthousiasme l’arrivée de Gauguin qu’il a invité. C’est le premier pas vers le projet d’une communauté d’artiste que Vincent poursuit.

Terrase du café le soir ©
Toujours à Arles, il s’amuse à représenter une scène de nuit, sous un ciel étoilé.
“Cela m’amuse énormément de peindre la nuit sur place. Autrefois on dessinait et peignait le tableau le jour d’après le dessin. Mais moi je m’en trouve bien de peindre la chose immédiatement. Il est bien vrai que dans l’obscurité je peux prendre un bleu pour un vert, un lilas bleu pour un lilas rose, puisqu’on ne distingue pas bien la qualité du ton.”
Les tempéraments très différents des deux artistes provoquent des tensions. Van Gogh connait de curieux troubles hallucinatoires, qui l’amènent à se couper l’oreille, ce qui provoque le départ précipité de Gauguin.
Le voisinage, irrité par l’artiste, tentera de le faire interner.
Autoportrait à l’oreille bandée ©
Finalement, c’est à sa propre demande que Vincent, conscient de ses troubles, se fera interner. Il est très libre là bas, et on le laisse peindre toute la journée sous la surveillance d’un garde malade.
Les Iris ©
Champs de blé avec cyprès ©
Premiers pas (d’après Millet) ©
Vénérant les peintures rurales de Jean-François Millet, il partage son admiration pour les gens gagnant leur vie à la sueur de leur front. Il réalise à Saint Rémy 23 tableaux inspirés de ceux de Millet. Souvent très librement interprétés, à la manière dit-il, d’un musicien jouant la composition d’un autre.
Il poursuit son thème de la nuit, et réalise son chef d’œuvre “La nuit étoilée” :

La nuit étoilée à St Rémy ©
" Je veux maintenant absolument peindre un ciel étoilé. Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, colorée des violets, des bleus et des verts les plus intenses.
Certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis. "

Portrait du Docteur Gachet ©
En 1890, sur les conseils de Théo, Van Gogh part à Auvers sur Oise, où se trouve le docteur Gachet. Ce dernier est grand amateur des impressionnistes, et peintre lui-même. Il héberge et soutient Vincent. C’est alors l’un des rares à croire au talent de Van Gogh.
Van Gogh peint avec acharnement, mais il n’a pratiquement vendu aucune toile jusqu’à maintenant. C’est son frère Théo qui continue de lui apporter son aide matérielle. Bien conscient d’être une charge pour son frère, le peintre vit dans l’angoisse constante de se retrouver sans ressources.

Chaumes à Cordeville ©
Champs de blé aux corbeaux ©
“Je vis une clarté effrayante au cours des moments où la nature est si belle. Je ne suis plus conscient de moi-même, et les images m’arrivent comme dans un rêve.”
Après que Vincent eut séduit la jeune fille du Docteur, leur relation se brouille.
Théo connait une mauvaise passe. Son enfant est malade, sa femme très fatiguée, et les propriétaires de la galerie que gère Théo sont en conflit avec lui.
Enfin, c’est la rupture avec le Docteur Gachet, ce qui signifie la fin des ressources. Pour Van Gogh, cela signifie aussi la fin de la peinture, qui était toute sa vie.
Le soir du 27 juillet 1890, il sort dans les champs, et dans un ultime geste de folie se tire un balle dans la poitrine.
Ne manquez pas le superbe film de Maurice Pialat, Van Gogh, qui retrace la période d’Auvers sur Oise. Avec Jacques Ductronc, très juste, dans le rôle titre